26 mai 2008

Avis favorable


Il est plutôt sain pour le Parti Socialiste de ne pas considérer comme futile la révision de sa déclaration de principes. Depuis maintenant 100 ans, 3 révisions ont eu lieu sur ce texte datant de 1905. Si on se penche un peu sur les dates respectives, on se rendra compte que ces révisions ont toujours eu lieu dans des moments de crises identitaires vécues collectivement par les socialistes de l’époque : 1945 tout d’abord après l’Occupation après l’horreur humaine et idéologique, 1969 après la révolte politique de mai 68 et 1990 après nos dix premières années d’exercice du pouvoir sous la 5ème République.

Aujourd’hui, en 2008, qu’est ce qui fait donc que nous vivons une crise identitaire forte ? Une financiarisation et une mondialisation de notre économie, une Europe qui s’impose, le développement durable qui devient une exigence citoyenne, des nouvelles aspirations à plus de libertés individuelles dans un cadre toujours collectif, et enfin, et surtout, la fameuse phrase de Lionel Jospin qui a sonné comme un coup de tonnerre dans une pensée parfois trop étatiste "l'Etat ne peut pas tout". Face à cela, notre texte de base, notre déclaration de principes parle d’espérances révolutionnaires, de planification, opposition de classes, désarmement général,…

Le texte qui nous est proposé est à ce titre de bonne facture et il a d’ailleurs retenu l’unanimité des membres de notre Bureau National, donc de toutes les familles politiques qui forment le socialisme aujourd’hui.

En plus d’une défense vigoureuse de la laïcité et des libertés individuelles, ce texte consacre une certaine forme de social-démocratisation de notre idéal. En levant toutes les aspirations révolutionnaires, en rejetant tout vocabulaire marxiste, nous adoptons enfin une relation décomplexée avec le monde du travail et surtout avec le monde de l’entreprise. De surcroît, nous faisons nôtre une revendication qui a fini d’émerger pour s’imposer dans les consciences, à savoir la préservation des ressources pour continuer à pouvoir produire demain. C’est le sens de l’expression qui peut paraître lourde d’économie sociale et écologique de marché.

Dans cet univers totalement symbolique que dessine une Déclaration de Principes (maintenant, il faudra voir nos débats et nos propositions…), cette évolution a retenu particulièrement toute mon attention car cela signifie que nous ne nous enfermons plus dans le débat obsolète « relance de l’offre versus relance de l’offre », que nous allons maintenant pouvoir regarder ce qu’il se passe ailleurs en matière de recherche, d’innovations, de formation avant d’agir et qu’enfin la notion d’initiatives individuelles fait son entrée dans notre répertoire (ce qui est un comble dans un pays qui a son tissu économique fait de PME et de TPE…)

Je suis donc plutôt … fier ? content ? soulagé ? non, serein d’être dans un parti qui, débat après débat, évolue vers une modernité assumée et de gauche car toujours avec pour objectif l’émancipation de chacun et la justice pour tous dans le respect de la liberté et la recherche de l’égalité.

Donc, avis favorable!


www.parti-socialiste.fr

21 mai 2008

Oser


Comme tous les ans, la Ligue des Droits de l'Homme va organiser une votation citoyenne sur la question du droit de vote et d'éligibilité des étrangers aux élections locales.

Inutile de dire que j'y suis plus que favorable. On ne peut pas demander à une personne de se reconnaître dans une communauté nationale, si au mieux de l'insertion sociale, on lui refuse le droit de choisir ses représentants, c'est à dire celles et ceux qui ont en charge l'avenir de cette dite communauté nationale.
Pour beaucoup de jeunes, cette réponse est une évidence, la question devient même anachronique.
Et pourtant, il faut aller voter à cette votation citoyenne. Et quand on est de Gauche, il faut y aller amer, et quand on est militant d'un parti politique qui a gouverné, on doit y aller avec honte.
Amertume et honte d'avoir tant parlé de cette mesure, d'avoir exercé le pouvoir pendant 15 ans ces 25 dernières années et de n'avoir même pas pris la peine de voter cette mesure qui est le summum de ce que le progressisme peut faire de mieux: assurer la nécessaire transformation de la société dans toutes ces facettes et en particulier dans le domaine des libertés publiques et des droits civiques.

Je suis de Gauche.
J'aime la Gauche quand elle va jusqu'au bout de ses combats et quand elle abolit la peine de mort, quand elle vote le PaCS, quand elle vote la parité.
J'aimerai encore plus ma gauche le jour où les étrangers auront le droit de vote, quand je pourrais demander en mariage l'homme qui partage mon appartement, quand Ahcene aura des papiers puisqu'il travaille.

Allez, on va voter. Il faut. Parce qu'avant d'être dans un parti, on a chacun des convictions et des combats. Et qu'il faut toujours les assumer!

Ca permet d'aller au moins voter avec fierté...

Les dates et heures sont :
- jeudi 22 mai 17h-19h en Mairie du 3eme ardt
- vendredi 23 mai 17h-19h en Mairie du 3eme ardt
- samedi 24 mai 10h-13h en Mairie du 3eme ardt
- dimanche 25 mai 10h-13h au Marché des Enfants Rouges.

Pour plus d'infos et pour trouver un bureau de vote:
http://www.ldh-france.org/actu_nationale.cfm?idactu=1640

19 mai 2008

Une bonne nouvelle pour le 3ème!!


Hier soir, lors du Conseil d’Arrondissement, nous avons voté le transfert à l’OPAC d’un immeuble situé au 120, rue de Turenne afin d’y faire du logement social. Cet immeuble est composé de deux bâtiments de 4 et 5 étages sur 328 m² au sol. 22 logements constituent cet ensemble et sont ce qu’on appelle du « logement social de fait », c'est-à-dire du logement qui, par la nature de ses occupants, par la taille et la qualité des logements, a vocation à devenir du logement social.

Par cette action, nous évitons une fois de plus une vente à la découpe et, grâce à la restructuration qui suivra, nous pourrons abonder le parc social locatif de notre arrondissement de 17 à 20 logements supplémentaires. La différence entre le nombre de logements initial et le nombre de logements final vient du fait que l’OPAC va restructurer les appartements afin d’y faire des logements un peu plus grands, du F2 au F4, afin d’accueillir célibataires, couples et familles.

Les loyers ne sont pas encore définis mais correspondront aux exigences de la loi SRU qui propose trois types de prix : PLA-I (aide à l’insertion, 4 euros du m²), PLUS (urgence sociale, 7 euros du m²) et PLS (social tout simplement, 10 euros du m²). La droite n’a de cesse (sauf hier soir il est vrai !) de demander lors des Conseils de Paris ou d'Arrondissement que l’on fasse du logement dit intermédiaire (PLI, 16 euros du m²). Je dois dire que je ne comprends pas cette demande pour plusieurs raisons…

Historiquement, le parc social de la Ville est fait de logements avec des conventionnements qui se rapprochent du PLI. Le SRU étant une nouveauté, les nouveaux conventionnements manquent donc cruellement sur Paris et répondent cependant aux besoins de 72% des Parisiennes et des Parisiens. Enfin, je dois dire qu’à regarder la nature de la demande de logements dans le 3ème ardt, on comprend tout de suite l’intérêt qu’il y a à produire du logement conventionné SRU : plus de 1100 demandeurs y sont éligibles, alors que 35 seulement sont éligibles au PLI, sauf qu’il y a moins d’offre existante pour les premiers que pour les seconds…

Vous me suivez ?!

En tous cas, en tant qu’adjoint au logement et administrateur de l’OPAC, je ne peux que me réjouir de cette nouvelle !!!

http://www.opacparis.fr/

16 mai 2008

Les raisons d'un premier post


Et bien, voilà. Moi aussi, je me mets à la blogosphère...
Ce projet me parcourait la tête depuis bien longtemps mais,bon, on remet toujours au week-end prochain pour commencer à cliquer. Mais là, il y a eu un élément déclencheur, une journée qui m'a donné envie d'écrire ma petite vie d'élu local, de militant, de responsable politique, de citoyen...
Cet élément, c'est l'expulsion du squat orchestré par Jeudi Noir dans un bâtiment de plus de 4000 m² laissé vide depuis plus de 5 ans en plein centre de Paris, alors même qu'il n'y a pas besoin de s'étendre sur la crise du logement. Un peu d'histoire...
11 mars, fraichement élu de la veille, on nous apprend à la Mairie du 3ème l'ouverture de ce nouveau squat dans cet immeuble situé sur une parcelle composée du 80, rue de Turenne et du 7, impasse Saint Claude. Panique générale à l'adresse visée car, il y a 5 ans de cela, un autre squat a laissé de très très mauvais souvenir. Moi, je suis plutôt hilare à l'idée de retrouver Julien, de Jeudi Noir, car je l'avais déjà croisé plus d'une fois quand j'étais chef de cabinet de Jean-Yves Mano, en particulier au moment de l'occupation de la fameuse "rue de la Banque", qui notons-le a permis de financer là-bas une vingtaine de logements sociaux...
On en parle entre nous, on évoque les nuisances possibles, on essaie de se mettre à la place des locataires et puis je propose de faire un voeu pour le soumettre au Conseil du 3ème ardt et après au Conseil de Paris. L'idée est d'apporter notre soutien et de demander à la Ville d'acquérir ce bien si cela est possible. A mon étonnement, quelques levées de boucliers, quelques hésitations,... J'explique que nous ne sommes pas le Préfet, que nous ne sommes pas là, nous élu-e-s, pour faire respecter la loi mais pour la faire évoluer, que nous pouvons faire confiance à ces deux associations,... Le voeu passe enfin et sera même par la suite voté en Conseil de Paris.
C'est alors le moment d'assumer... Les jours passent, les contacts sont pris avec les propriétaires via un administrateur judiciaire, l'affaire est compliquée,... Nous devons aussi recevoir les riverains qui veulent que nous demandions l'expulsion de ce lieu pour des raisons de sécurité. Franchement, ce moment est mon pire premier souvenir souvenir d'élu. Des gens qui sous couvert de sécurité vous disent que, chaque soir, ils n'espèrent qu'une seule chose: qu'il y ait du bruit pour appeler les flics, que franchement le bruit des déménagements, c'est insupportable (tu connais la campagne?), qu'ils ont vu des choses dedans alors qu'avant ils assurent n'a avoir jamais mis les pieds,... Comment dire? Je comprends les traumas mais je refuse de les suivre. M'en fous. Le samedi qui suit, j'irai sur place pour voir un peu l'exposition organisée par La Deuxième Aile.
Les jours passent, les contacts continuent et là... mercredi matin... 7H30... Ding Dong... je me lève bredouille, enfile un peignoir qui traine là, ouvre la porte et je suis confronté à Denis et Flora, deux collègues élu-e-s, venus me secouer pour m'avertir de l'expulsion... Je réalise pas tout de suite car pas bien réveillé mais rapidement douchepantalonpommetaxizorroestarrivé.
Et là, ça commence fort, ils ont tout viré sans même nous avertir, sans rien nous dire, même la veille à 22H, ils ont fouttu à la rue tous ces jeunes dans une violence un peu inhabituelle. Je fonce pour rejoindre le cortège qui essaie de résister. Un beau brun CRS m'empêche de passer. Je grommèle puis profitant de son dos tourné, zou je passe et je m'installe dans le rang, ma camarade élue Camille, bras dessus dessous... On freine de tout nos pieds mais on peut pas grand chose face à des mecs nourris à la viande fraiche le plus clair du temps et affamés volontairement la veille de l'expulsion.
Tout ça, ça dure quand même toute la matinée! Et l'après-midi, c'est pas mieux... Jeudi Noir décide d'envahir l'Eglise Saint Denys du Saint Sacrement. Chouette. Moi qui aime tant les curés. Ambiance bon enfant évidement. Je rentre un peu dans l'église pour avoir de la fraicheur, pas cons, ces curtons. Et là, v'la ti pas que je vois celui qui lit l'Evangile et qui prêche l'Amour signer de sa blanche main la demande d'expulsion sans même avoir pris la peine de venir discuter avec nous! Amen...
Ca s'organise alors, ca s'asseoit devant les portes, je retrouve Camille, je suis accroché à une jambe de Pierre, son mari mais les CRS auront tôt fait de nous soulever.
J'en ai vu pas mal des expulsions, mais là, elle m'a étonné par sa violence. Des cous et des bras maîtrisés, des gens malmenés,... moi j'ai failli être littéralement jeté par terre... ce qui m'a valu un slogan pour moi tout seul repris par les gens sur place ("Respectez nos élu-e-s!!")...
Et puis, on a repris notre quotidien, notre route...
Et là, j'ai eu peur.
J'ai eu peur de voir que l'on peut sans aucun soucis demander le concours de la force publique sans même chercher à discuter... Merci Monsieur le Curé.
J'ai eu peur d'entendre des gens faire preuve d'un tel cynisme face à la cruelle crise du logement... Merci les habitants du 80.
J'ai eu peur de me dire que ne pas nous avertir de l'expulsion signifiait que de plus en plus l'ordre public devenait sécuritaire et violent... Merci Monsieur le Préfet et Monsieur Sarkozy.
Mais j'ai était content de voir le regard des passants, la venue des copains, les textos de soutien,... Merci d'ailleurs.

Voici l'évènement, voici beaucoup trop de lignes pour dire une crainte, voici les raisons de ce premier post.

www.jeudi-noir.org


Photo Luc Mandret http://777socrate.blogspot.com/

La video de rue89.com

La revue Politis

Libération