23 juillet 2008

Je crierai toujours...


"Avez-vous vu tomber l'Empire? Non: rien n'a troublé le repos de ces lieux. L'Empire s'est abîmé pourtant, l'immense ruine s'est écroulée dans ma vie, comme ces débris romains renversés dans le cours d'un ruisseau ignoré. Mais à qui ne les compte pas, peu importent les évènements: quelques années échappées des mains de l'Eternel feront justice de tous ces bruits par un silence sans fin."

Chateaubriand

Notre pays est tiraillé. Comme beaucoup d’autres. Tiraillé entre un besoin de réforme et une envie historique de rester ce qu’il est. Tiraillé entre une nécessaire évolution et un besoin vitale de ne pas troubler ce qui fait une harmonie de fond. Alors notre pays a peur, notre pays craint, notre pays hésite, notre pays s’inquiète. Et il n’y a rien de pire car dans ces moments, l’exclusion, le non, le refus et avec eux l’instantané, l’immédiateté et sans doute derrière l’indécence et l’inconséquence de l’action publique se font jour.

Cette femme à la bourqua m’a touché et la réponse apportée par le Palais Montpensier m’a heurté.

Oui, je connais le salafisme et ses deux branches, l’Islah et le Taqlid, j’aperçois la nature de leurs revendications et de Tariq, je sais qu’ils ne sont sans doute pas en accord avec les valeurs de notre pays et de notre Europe.

Mais je connais aussi mes lois et les combats de mon camp en son temps. Je sais que 10 ans sur notre territoire, en famille, vivant de son travail et scolarisant ses enfants suffisent pour prouver selon moi d’une intégration à notre diversité. C’est pourquoi la Gauche s’était élevée quand la Droite, toujours eux, a mis en place dans les critères de régularisation le jugement au cas par cas de l’intégration des candidats. Il fallait préférer la matérialité des conditions à l’individualisation des décisions en la matière.

Contrairement aux principes de définition des peines édicté par Beccaria. Car l’acte n’est pas encore commis en la matière. C’est justement un constat et un pari. 10 ans sur le territoire, sans condamnation, mérite sans doute de considérer que la Nation peut accueillir.

Et le pari peut être fait. Sauf si on perd confiance en notre modèle d’intégration, en la capacité de notre société à faire évoluer les gens et en la possibilité de chacun de se réformer.

Montpensier a dit non à tout cela. Non au fait que cette femme puisse au bout de 10 ans être considérée comme des nôtres. Sans chercher à régler l’hypocrisie des mêmes valeurs adoptés par des Français, eux, de souche. Sans chercher à se dire que demain peut-être, infiniment peut-être, elle aura envie d’écarter son voile. Sans chercher à se dire que ses enfants pourraient sans doute mieux s’intégrer en sachant leur famille reconnue. Tout cela, tous ces doutes répondent au pari suffisamment pour dire oui.

J’aurai aimé considérer l’argument du port de la bourqua mais que dire du port de la croix, du port de la kipa, du port du turban, de l’adoption de signes bouddhistes, kabalistiques ou je ne sais quoi qui font tout autant référence à des conceptions religieuses, au naturalisme caché et nourri dans leur tréfonds pour certains des mêmes valeurs que le salafisme ? Que dire si ce n’est qu’eux sont discrets, petits, peu voyants et qu’il a fallu à ce titre faire une loi pour interdire le port dans les lieux publics mais l’autoriser sur l’espace public et dans les lieux privés… Que d’hypocrisie…

Mais je crois que si ce pari n’a pas été fait, c’est que la Droite vient de gagner encore une bataille : faire croire que notre pays ne peut se satisfaire d’une présence musulmane (au même titre qu’il y a une présence chrétienne, juive, orthodoxe,…) et qu’il faut du coup s’en prémunir et protéger notre système. Pas de voile, pas de bourqua,… j’attends la mobilisation nationale contre le droit aux plats alternatifs dans les écoles et l’interdiction du port de la djellaba dans les lieux publics. C’est la justification odieuse aujourd’hui de la politique sarkozienne de traque, de durcissement et de chasse vis-à-vis des sans papier. Et tel est le contexte dans lequel cette décision a été prise par les capes aux hermines.

Mais derrière cela, on touche profondément aux libertés publiques car on atteint non pas à un individu mais à un groupe, qui se sent attaqué non pas à cause (ce qui signifierait un acte volontairement commis) mais pour ce qu’il est (ce qui signifie que c’est leur nature, leur spécificité, leur identité, leur possibilité qui est visé). Et c’est cela le concept de l’identité nationale : dresser groupe contre groupe, communauté contre communauté (terme pris dans sa plus belle acception) et non individu contre individu. Ce qui amène à faire de la politique de groupes, à nier le citoyen.

Je suis laïc. C'est-à-dire que je reconnais, précisément ici, l’égalité des sexes, non pas car je la considère comme une valeur mais car ce combat est pour moi une éthique, c’est un combat contre quelque chose et non pour quelque chose. Et j’applique ce précept à la liberté de penser également, ce qui me conduit au respect, au dialogue, à la pédagogie, au long temps et non au couperet de la loi, à la rapidité du décret et à l’interdiction de masse. Je reconnais ainsi la capacité de l’Homme à s’affilier mais je lui reconnais surtout sa capacité à se désaffilier de groupes auxquels il s’identifiait.

Et cela ne repose pas pour moi sur un avis donné par une très compétente dame du Conseil d’Etat qui doit faire sans doute peu de cas de John qui a été régularisé et qui considère que les PD sont des erreurs de la nature, Pedro qui considère que l’avortement ne doit être autorisé que pour les grossesses virginales, Ekaterina qui souhaite le retour sur l’abolition de la peine de mort,… Que d’hypocrisie.

Voici donc les raisons de ma peur, de ma colère face à cette capitulation dont beaucoup font part au nom de beaux principes mais à mon avis sans en mesurer le risque.

Sans doute car dans notre réformation, il doit falloir aussi prévoir un atelier sur notre modèle d’intégration, notre rapport à l’identité, la notion même du mot communauté,…

En attendant, moi, ce que j’appelle cette capitulation me fait peur car elle s’exerce encore une fois dans le domaine des libertés publiques, fondamentales et va même jusqu’à dénaturer la conception progressiste de l’Homme et du Citoyen.

Mais comme toujours avec ce genre de considérations quelques années échappées des mains de l'Eternel feront justice de tous ces bruits par un silence sans fin.

Si c’est le cas, j’espère ne plus être ici à ce moment.

En attendant, mais j’en doute, peut-être ce cri, mon cri, comme sur le tableau de Munch, donne vie à l’univers qui m’entoure.


20 juillet 2008

Scélérate, vous avez dit scélérate?


Même pas besoin d'en dire quoi que ce soit...

Mais pour dire NON: http://nonaedvige.ras.eu.org/
DECRET
Décret n° 2008-632 du 27 juin 2008 portant création d'un traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé « EDVIGE »

NOR: IOCC0815681D

version consolidée au 01 juillet 2008

Le Premier ministre,

Sur le rapport de la ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales,

Vu le code de procédure pénale, notamment son article 777-3 ;

Vu la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, notamment son article 26 (I à III) ;

Vu le décret n° 85-1057 du 2 octobre 1985 modifié relatif à l'organisation de l'administration centrale du ministère de l'intérieur et de la décentralisation, notamment son article 12 ;

Vu le décret n° 2007-914 du 15 mai 2007 pris pour l'application du I de l'article 30 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés ;

Vu l'avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés en date du 16 juin 2008 ;

Le Conseil d'Etat (section de l'intérieur) entendu,

Décrète :
Article 1 En savoir plus sur cet article...

Le ministre de l'intérieur est autorisé à mettre en œuvre un traitement automatisé et des fichiers de données à caractère personnel intitulés EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale) ayant pour finalités, en vue d'informer le Gouvernement et les représentants de l'Etat dans les départements et collectivités :
1. De centraliser et d'analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif, sous condition que ces informations soient nécessaires au Gouvernement ou à ses représentants pour l'exercice de leurs responsabilités ;
2. De centraliser et d'analyser les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public ;
3. De permettre aux services de police d'exécuter les enquêtes administratives qui leur sont confiées en vertu des lois et règlements, pour déterminer si le comportement des personnes physiques ou morales intéressées est compatible avec l'exercice des fonctions ou des missions envisagées.
Article 2 En savoir plus sur cet article...


Conformément aux dispositions de l'article 6 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée, et dans la stricte mesure où elles sont nécessaires à la poursuite des finalités mentionnées à l'article 1er du présent décret, les catégories de données à caractère personnel enregistrées dans le traitement mentionné à l'article 1er et concernant des personnes physiques âgées de treize ans et plus sont les suivantes :
? informations ayant trait à l'état civil et à la profession ;
? adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ;
? signes physiques particuliers et objectifs, photographies et comportement ;
? titres d'identité ;
? immatriculation des véhicules ;
? informations fiscales et patrimoniales ;
? déplacements et antécédents judiciaires ;
? motif de l'enregistrement des données ;
? données relatives à l'environnement de la personne, notamment à celles entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle.
Les données collectées au titre du 1 de l'article 1er du présent décret ne peuvent porter ni sur le comportement ni sur le déplacement des personnes.
Le traitement peut enregistrer des données à caractère personnel de la nature de celles mentionnées à l'article 8 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée. Celles de ces données autres que celles relatives aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, ou à l'appartenance syndicale ne peuvent être enregistrées au titre de la finalité du 1 de l'article 1er que de manière exceptionnelle. Il est interdit de sélectionner une catégorie particulière de personnes à partir de ces seules informations.
Le traitement ne comporte pas de dispositif de reconnaissance faciale à partir de la photographie.
Les données concernant les mineurs de seize ans ne peuvent être enregistrées que dans la mesure où ceux-ci, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public.
Les données collectées pour les seuls besoins d'une enquête administrative peuvent être conservées pour une durée maximale de cinq ans à compter de leur enregistrement ou de la cessation des fonctions ou des missions au titre desquelles l'enquête a été menée.
Article 3 En savoir plus sur cet article...


Dans la limite du besoin d'en connaître, sont autorisés à accéder aux informations mentionnées à l'article 2 :
? les fonctionnaires relevant de la sous-direction de l'information générale de la direction centrale de la sécurité publique, individuellement désignés et spécialement habilités par le directeur central de la sécurité publique ;
? les fonctionnaires affectés dans les services d'information générale des directions départementales de la sécurité publique ou, à Paris, de la préfecture de police, individuellement désignés et spécialement habilités par le directeur départemental ou, à Paris, par le préfet de police.
Peut également être destinataire des données mentionnées à l'article 2, dans la limite du besoin d'en connaître, tout autre agent d'un service de la police nationale ou de la gendarmerie nationale, sur demande expresse, sous le timbre de l'autorité hiérarchique, qui précise l'identité du consultant, l'objet et les motifs de la consultation.
Article 4 En savoir plus sur cet article...


Le traitement et les fichiers ne font l'objet d'aucune interconnexion, aucun rapprochement ni aucune forme de mise en relation avec d'autres traitements ou fichiers.
Article 5 En savoir plus sur cet article...


Conformément aux dispositions prévues à l'article 41 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée, le droit d'accès aux données s'exerce auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés.
Le droit d'information prévu au I de l'article 32 et le droit d'opposition prévu à l'article 38 de la même loi ne s'appliquent pas au présent traitement.
Article 6 En savoir plus sur cet article...


Sans préjudice de l'application de l'article 44 de la loi du 6 janvier 1978 susvisée, le directeur général de la police nationale rend compte chaque année à la Commission nationale de l'informatique et des libertés de ses activités de vérification, de mise à jour et d'effacement des informations enregistrées dans le traitement.
Article 7 En savoir plus sur cet article...


Le présent décret est applicable sur tout le territoire de la République.
Article 8 En savoir plus sur cet article...

Le présent décret entre en vigueur le jour de l'entrée en vigueur du décret n° 2008-631 du 27 juin 2008 portant modification du décret n° 91-1051 du 14 octobre 1991 relatif aux fichiers gérés par les services des renseignements généraux et du décret n° 2007-914 du 15 mai 2007 pris pour l'application du I de l'article 30 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978.
Article 9 En savoir plus sur cet article...


La ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales est chargée de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel de la République française.


Fait à Paris, le 27 juin 2008.


François Fillon


Par le Premier ministre :


La ministre de l'intérieur,

de l'outre-mer et des collectivités territoriales,

Michèle Alliot-Marie

08 juillet 2008

Une nouvelle maison relais dans notre arrondissement!


Très content hier, un peu ému même, en toute fin du Conseil de Paris de l'adoption à l'unanimité du voeu que je présentais pour le 3ème ardt:

"Un immeuble du 3ème ardt, le 58, rue du Vertbois composé de 18 petits logements, est propriété de la Ville de Paris, géré par Coopération et Famille et dont la gestion sociale est assurée par Emmaüs. Il a été inscrit à la programmation municipale pour devenir une structure sociale hébergeant du public très précaire en vue de leur stabilisation.

Cette opération s'inscrit dans l'engagement du Maire de Paris de créer 2000 places nouvelles en centre d'hébergement, maisons relais, résidences sociales et logements d'insertion d'ici 2014 pour les publics les plus en difficultés.

Parmi ces populations, les personnes sans domicile fixe nécessitent un accompagnement plus poussé et socialement plus innovant et plus complexe: prise de confiance en soi, ouverture des droits, accès aux soins,... Leur prise en charge est normalement une compétence d'état mais force est de constater, une fois de plus, une carence en la matière.

Aujourd'hui, la Ville de Paris héberge déjà dans ses résidences pour séniors des personnes sans domicile ayant atteint l'âge requis. Parfois également, et avec exception, certains Etablissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes accueillent les plus précaires d'entre eux. Mais ces établissements ne sont pas prévus pour cela, tant au niveau de l'accueil que de la formation des agents.

C'est pourquoi nous souhaitons que le 58, rue du Vertbois puisse accueillir une Maison Relais qui permettrait à des SDF vieillissants d'être accueillis et stabilisés durablement, dans un cadre qui correspondrait mieux à leur besoin."

07 juillet 2008

Conseil de Paris aujourd'hui: Flash Infos Compte Rendu de Mandat!


Aujourd'hui, en Conseil de Paris, un subvention a été votée au profit du Centre Lesbien, Gay, Bi- et Trans. Ne souhaitant pas que cela passe inaperçu, j'ai pris la parole...

Voici le texte de mon intervention:

"Monsieur le Maire,

Mes cher-e-s Collègues,

Notre assemblée doit aujourd’hui renouveler la convention triennale qui a été passée avec le Centre Lesbien, Gai, Bi et Trans de Paris et d’Ile de France, situé dans le 3ème ardt, et attribuer à cette même association une subvention de 112 000 euros.

Le premier financement municipal de cette association a fait parler de lui en son temps, en 2001, comme on le sait, mais il est temps aujourd’hui de faire un point pragmatique sur le résultat de ce partenariat.

Tout d’abord, le Centre dispose depuis février d’un local de 250 m² en plein centre ville, tranchant ainsi radicalement avec la discrétion de leur ancienne localisation, rue Keller, dans le 11ème ardt et se rapprochant ainsi de la visibilité et de la parfaite intégration qu’ont des centres similaires dans les capitales européennes et de la plupart des pays libres.

Ce partenariat tissé depuis 2001 a enfin permis au Centre LGBT de renforcer son dispositif d’accueil puisque plus de 1100 personnes ont pu être reçues en 2007, ce qui marque une nette augmentation par rapport aux années antérieures et à n’en pas douter une réelle diversification.

Les personnes qui s’y rendent, venues de tout Paris et de l’Ile de France, viennent pour une aide juridique, une orientation sociale, une écoute psychologique ou un entretien relatif à leur santé. Il ne s’agit pas ici de se substituer à l’offre commune d’information que tout un chacun peut trouver n’importe où mais de constituer un centre ressources pour venir en aide à des détresses ou interrogations spécifiques auxquels seuls des spécialistes ou associatifs peuvent répondre dans le cadre d’échange d’expérience ou suite à des formations spécifiques.

Le renouvellement de cette convention triennale permettra aussi au Centre de pérenniser deux actions qui répondent à des besoins toujours plus importants : la prévention santé et l’accueil des jeunes issus de la population LGBT.

Le Centre est devenu un véritable relais de prévention médicale contre les maladies et infections sexuellement transmissibles. Cette action de prévention prend diverses formes et va de la mise à disposition de brochures, des permanences hebdomadaires assurées par la Croix rouge à la distribution gratuite de préservatifs. Son champ d’application dépasse très largement par ailleurs celui du VIH et traite également de toutes les formes de dépendance telle la drogue, le tabagisme ou l’alcool qui ne sont que la face révélée d’un mal-être plus profond résultant d’une non acceptation de son orientation sexuelle ou d’une grande détresse face à la maladie ou à des discriminations. En tout état de cause, il résulte que cette action particulière sur un public spécifique a permis à 250 personnes en 2007 de recevoir informations ou réponses.

Le Centre effectue également une mission de première importance vis-à-vis des jeunes en situation de précarité sociale, et ce dû à l’homophobie qui peut se manifester au sein de leur famille, dans leur parcours éducatif, sur leur lieu de travail, dans leur entourage plus ou moins proche. Grâce au soutien que la Ville leur apporte, les bénévoles du Centre LGBT peuvent venir efficacement en aide à de trop nombreux jeunes qu’un jour l’intolérance des autres a frappé. Il s’agit de jeunes qui du jour au lendemain se retrouvent délaissés, sans emploi, sans logement, sans attache sociale et parfois même fraîchement arrivé à Paris ou même au bord de la prostitution. Dès lors, le Centre apporte une aide matérielle et un accompagnement à ces personnes afin de leur permettre de retrouver rapidement les conditions d’une insertion sociale réussie. Malheureusement, le chiffre de ces jeunes qui subissent une telle violence sociale est en augmentation, ce qui nécessite de renforcer l’efficacité d’un acteur associatif comme le Centre LGBT.

Monsieur le Maire, mes cher-e-s collègues, il est coutume de dire qu’on mesure le niveau de démocratie de nos sociétés à la manière dont elles traitent leurs minorités. Force est de constater qu’il y a un véritable besoin d’une présence sociale et associative pour répondre aux besoins et attentes des personnes lesbiennes gays, bi et trans qui subiraient violence et discriminations en fonction de leur orientation ou de leur genre. Le Centre LGBT par la synergie qu’il réussit à instaurer entre des acteurs associatifs et les acteurs institutionnels traditionnels assure une mission que j’oserai qualifier de service public et qui devrait, je l’espère, recevoir un très large assentiment de notre assemblée."


Chose Faite: délibération adoptée à l'unanimité!

http://www.cglparis.org/


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Nous avons également adopté le Plan Départemental de l'Insertion... sur lequel je me suis aussi exprimé:

"Monsieur le Maire,

Mes cher-e-s Collègues,

Je crois que nous avons aujourd’hui deux raisons de saluer le travail de la Ville de Paris relatif à l’intégration les personnes les plus éloignées de l’emploi.

Tout d’abord, les résultats affichés : 7 409 retours à l’emploi en 2007 sur environ 50 000 allocataires. Je tiens à souligner que ces résultats ont été obtenus dans le cadre des mesures mises en place par le Département de Paris, permettant de suivre 85% des allocataires, malgré un recul de l’Etat d’une ampleur sans nom mais ayant un coût : 108 millions d’euros depuis 2004.

Ensuite, une satisfaction face à la volonté annoncée de la Ville de Paris par la voix de votre adjointe en charge de la solidarité, Olga Trostiansky : faire que le taux de sortie du RMI augmente de 50% après passage par un des dispositifs du Plan Départemental d’Insertion.

J’ai surtout envie aujourd’hui de mettre en avant l’objectif qualitatif de ce dispositif qui se fonde sur deux piliers d’importance : la mobilisation de tous les réseaux locaux et la mise du bénéficiaire au cœur du PDI.

La dimension locale fortement présente dans ce projet permet déjà la recherche d’une meilleure efficacité en coordonnant les divers services et associations grâce à des commissions territoriales rassemblant tous les acteurs de l’insertion et de l’emploi, que sont les services sociaux, les espaces insertion, les régies de quartier ou les antennes ANPE par exemple. Il s’agit demain de renforcer leur action et donc leur efficacité.

Le rôle des Commissions Locales d’Insertion sera également de première importance dans la réalisation du PDI et leur sera confié la mission de construire de l’innovation sociale, de nouveaux partenariats avec les acteurs locaux faisant la spécificité de nos arrondissements : ici des jardins partagés dans le 12ème ardt qui accueillera des allocataires suivant une formation spécifique, là-bas c’est un lieu dans le 18ème ardt qui permet aux allocataires socialement isolés de se réunir et de partager expériences et compétences…

Il me semble important aussi de souligner que l’intégralité du PDI est tournée totalement vers la prise en compte des profils des bénéficiaires. En effet, quand on parle de personnes éloignées de l’emploi, on ne parle pas d’un bloc homogène, mais on parle de personnes d’âge différents, de parcours divers, de situations sociales variées : à côté de personnes en mal de formation professionnelle, on trouve aussi parmi les bénéficiaires du RMI des sortants de prison, des personnes sans domicile stabilisées, des artistes précaires, des jeunes mères isolées avec de jeunes enfants, des personnes présentant des problématiques d’addiction,… qui, vous vous en doutez, nécessitent un suivi administratif certes, mais surtout un suivi social particulier.

C’est pourquoi le PDI qui nous est présenté prévoit l’amplification de l’action des associations conventionnées afin de permettre à 9 300 allocataires confrontés à des problématiques spécifiques de trouver un suivi adapté dans le cadre de leur retour à l’emploi. A cet effet, les marchés aux associations prestataires viennent d’être reconfigurés pour recentrer leur intervention sur ces publics.

Cette mesure aura à n’en pas douter un impact important, surtout à l’approche de la mise en place du Revenu de Solidarité Active. En effet, ce projet prévoit la mise en place d’un guichet unique pour toutes personnes pouvant bénéficier du RSA : travailleurs pauvres et allocataires du RMI. Or, il y a fort à craindre que ce nouveau service ne s’occupe que des personnes les plus proches de l’emploi et ne délaisse totalement tout le travail préalable nécessaire de réinsertion et complémentaire d’accompagnement social spécialisé. C’est donc une logique autre que simplement comptable qui est au cœur de ce plan départemental d’insertion mais bien une volonté d’apporter des réponses concrètes, efficaces et fondées sur un diagnostic social et pas seulement économique.

La dynamique qui porte ce Plan Départemental d’Insertion rejoint donc, Monsieur le Maire, mes chères collègues, la volonté de notre majorité d’apporter des réponses concrètes à la crise sociale que vit notre pays et donc notre capitale, face à un état qui fuit jour après jour ses responsabilités sur ce sujet mais sur tant d’autres qui y sont tous reliés : logement, santé, école,… C’est donc avec fierté, mais avec inquiétude, qu’il me semble opportun d’apporter tout notre soutien à ce Plan Départemental d’Insertion."

05 juillet 2008

Le venin est dans le remède...


Alors, je préviens tout de suite, cette semaine a été silencieuse car mes mains ont passé beaucoup plus leur temps à chercher des kleenex qu’à tapoter sur un clavier. L’été approche et avec lui sa garde rapprochée de mes allergies prolongées. Cortisone, zirtec, xyzall, nasacort, aerius, j’accepte tout !!

Aujourd’hui, ce sera encore plus silencieux car je laisse la place à Touwongka…

Une comédie musicale totalement déjantée avec en scène une bande de joyeux drilles, tous professionnels avant tout, formés sur scène aux trois arts du music hall. Avec cette troupe-là, on a en face de soi des artistes consciencieux qui refusent les délires entre potes sur scène, la médiocrité dans les représentations, l’à-peu-près dans le rendu.

Bon, en deux mots, c’est une histoire pour enfants, un lion qui devient tyrannique et qui exige de l’éléphant d’être propre à table, des singes d’être sage, de la tortue d’être rapide,… et qui va se rendre compte de la tristesse d’un monde ainsi organisé.

Enfantin, me direz-vous ? Peut-être. Mais vous n’avez pas vu les sourires des gamins à la fin de chaque représentation, la joie des parents de voir leurs enfants heureux et l’appréciation générale du public pour la qualité de ce spectacle. Bon, et puis, sous un des masques, il y a la personne qui partage ma vie…

Alors si vous êtes en Avignon, du 10 juillet au 2 août, au théâtre le Lucernaire, 14H15…

http://www.touwongka.com/

http://www.myspace.com/touwongka

Et puis, c’est ici l’occasion de rappeler que la droite sur la culture comme sur tous les sujets ne réforment pas du tout mais qu’elle démantèle tout simplement et ne reconstruit rien. Elle ne fait que jeter les intermittents d’aujourd’hui dans une course de plus en plus dure aux cachets en limitant les possibilités de les obtenir et en rendant encore plus complexes les conditions d’accès aux statuts d’intermittents. Et tout cela, sous le couvert de mettre un terme aux abus qui étaient constatés essentiellement dans le monde de l’audiovisuel. Mais le venin est dans le remède…

Car c’est tout un monde fait de diversité de parcours, de projets audacieux, d’innovation culturelle qui se précarise de plus en plus.

Comment peut-on avoir une exigence culturelle forte quand on renvoie tout ce qui fait la particularité de la culture à la française, quand on cherche à défaire tout un maillage économique qui s’est mis en place ces 20 dernières années grâce à la Gauche ?

Depuis que la droite s’est occupée de ce dossier, c’est plus de 30 000 artistes, comédiens, chanteurs, danseurs, jongleurs, dessinateurs,… qui ne sont plus dans le régime de l’intermittence. Beaucoup ont raccroché, certains sont partis dans des petits jobs pour besoin alimentaire, d’autres s’accrochent,… bridant ainsi la culture, sa diffusion et sa création, dans notre pays.

J’oubliais… dans les 30 000, il y a aussi nombre d’intervenants en milieu scolaire, administrateurs de compagnies, organisateurs de salles, régisseurs, professeurs en école d’art,… Ils ne font pas la culture en elle-même mais contribuent à son partage et donc à sa fonction émancipatrice… et sont soumis aux mêmes incertitudes, à la même rémunération, aux mêmes exigences de qualité que les artistes. Ces métiers culturels ont une fonction importante dans notre société mais on refuse de leur reconnaître un statut comme le montre la manière qu’ont les pouvoirs publics de réformer le système de l’intermittence.

Alors, même sur le sujet de la culture, la réforme a un sens différent pour la droite et pour la gauche : quand pour certains, réformer veut dire dénaturer en prenant un prétexte certes juste mais au combien marginal, pour d’autres réformer veut dire conforter une certaine vision de la société en se dotant d’outils, de leviers d’actions toujours plus efficaces.

Je sais où je me situe.

En attendant, vive Avignon, vive les Francofolies, vive les Vieilles Charrues… puisque cela va bientôt commencer et qu’on nous envie cette diversité !